OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les data en forme http://owni.fr/2012/04/10/les-data-en-forme-episode27/ http://owni.fr/2012/04/10/les-data-en-forme-episode27/#comments Tue, 10 Apr 2012 16:24:05 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=105343 Dans sa longue quête de la représentation du réel, le journaliste de données prend soin de s’accomoder des meilleurs compagnons pour réaliser son oeuvre. Sachant manier le code et la palette si possible. Cette semaine encore, nous vous livrons ce que nous avons trouvé de plus remarquable à l’égard de ces associations qui fleurissent, encore et encore, pour le plaisir de nos sens et de nos esprits. Et le printemps est là.

Prenez le studio de design et de technologie californien Stamen. Entre deux projets pour leurs clients ces gars-là sont passionnés de cartographie. Alliant leur plaisir à leurs compétences, les voici – inspirés par le projet “Bicycle Portraits” – à composer une magnifique interprétation artistique d’OpenStreetMap, couchant sur le célèbre service libre de cartes en ligne un effet aquarelle du meilleur effet. Evidemment, il serait trop simple que l’exercice ne consistât qu’à la juxtaposition d’une unique brique opaque sur la carte : le tout fonctionne à chaque niveau de zoom avec une juste répartition de la quantité de détails nécessaires à la bonne lisibilité du tout.

Dans quel état j’erre

Autre lubie cartographique et cartographiée sur la côte ouest, c’est celle d’Aaron Parecki. Pourvu d’une balise GPS durant trois ans, il dévoile aujourd’hui sa passion pour la géographie en exhibant une série de cartes en couleurs qui ont la particularité de ne calquer son travail sur aucune trame physique existante. Les images proviennent uniquement des données fournies par le GPS, sans l’appui d’aucune carte, et les différentes couleurs suggèrent juste sa vitesse de déplacement – la largeur des traits mettant évidemment en valeur la fréquence des parcours usant des mêmes routes.


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Cartographie radicale

Dans le genre association de gens barrés, ceux du “collectif” Radical Cartography se posent nettement en courtisans de la couronne. Pulsations de fanatiques de la simulation du réel – citant Baudrillard qui cite lui-même Borges dans leur profession de foi – cet objet non-identifié est une collection des meilleurs (?) exemples d’infographies et cartographies chatoyantes permettant de se figurer le monde tel qu’il est, à moins que ce ne soit tel qu’il a été, pourrait être ou devrait être. Ou aurait pu être. Ou serait susceptible de devenir. Bref, c’est à voir et à partager.


“An infographist is just a visual journalist.”

Pour vous donner une idée, le prochain “workshop” de SwissInfographics à Genève s’intitule “comment le storytelling peut optimiser le potentiel narratif d’une infographie”. Ce sera tout juste un mois après l’inauguration par cette plate-forme suisse de recherche de l’exposition “Voir c’est croire“, dédiée à l’évolution du design informationnel depuis les hiéroglyphes égyptiens jusqu’aux dernières applications numériques. Autrement dit, on rigole bien dans le bassin franco-valdo-genevois dès qu’il faut causer design. D’ailleurs, si vous n’avez pas le temps d’aller voir l’expo (qui se tient jusqu’au mois d’août), vous irez sûrement lire l’entretien de Michael Stoll, grand collectionneur d’infographies, qui à la question rhétorique “Mais il n’y a plus aucun journal qui mette des infographies sur sa une” répond simplement : “Et bien, c’est pour cela que les médias vivent des moments si difficiles”. Hop.


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Restons dans l’infographie, et prenons un peu de hauteur et de légèreté, grâce à deux illustrations particulièrement réussies cette semaine.

La première, Technology timeline (commanditaire : AT&T), est une frise chronologique permettant de comparer les objets de (science) fiction avec les objets de la réalité tels qu’ils ont été “inventés” plusieurs années après leur propulsion dans la littérature et/ou au cinéma. Entre le vidéophone de Métropolis (1926) et son succédané matériel apparaissant 80 années plus tard (Skype, 2006), ou les scanners corporels de Total Recall (1990) ou ceux pullulant dans nos aéroports depuis 2009, cette infographie fait ce qu’on lui dit de faire : elle informe et divertit.

Seconde bonne idée, c’est l’initiative de Channel 4 de dévoiler très différemment sa structure organisationnelle “chiante” en y rajoutant une histoire et de la couleur : “Infographic Turns Boring Corporate Workflow Into Buzzing Metropolis” accueille les nouveaux collaborateurs de la chaîne de télé anglaise et leur évite l’absurde succession de documents internes rébarbatifs, de présentations assomantes de la stratégie du groupe ou encore l’essentiel organigramme représentant l’armée mexicaine se trouvant au-dessus du nouvel arrivant. Idée plaisante qui tente d’humaniser un peu les ressources humaines.

Traque aux bonus

On ne fermera pas la marche de cette 27e chronique hebdomadaire sans évoquer quelques nouvelles initiatives Open Data en Europe : celle du Tyrol (Autriche), qui contient à ce jour une douzaine de jeux de données, notamment sur la thématique environnementale – on dira que l’intention prévaut. Celle de la ville de Bologne (Italie), dont le portail est beaucoup mieux conçu – au moins demande-t-il son avis aux citoyens de passage, même si les formulaires sont un peu rustiques. En France, on aura aussi noté l’arrivée très discrète du Mans (Sarthe), qui ouvre une partie des données publiques à travers une simple page du site de la ville et non par le biais d’un site dédié. Plutôt de la bonne volonté là aussi malgré tout (hormis la présence du format PDF et l’affichage un poil rude) avec la licence ODbL. Enfin, le tourisme en Provence a officiellement son portail (difficile d’échapper à son excellent service de presse), qui encourage la création d’applications liées au… tourisme en Provence grâce à la libération de jeux de données aussi fous que le CSV des restaurants de la région. Avis aux codeurs amoureux du sud.

Et en parlant de sud… nous vous souhaitons une excellente semaine ensoleillée à l’écoute de Stephen Malinowski et du Véritomètre OWNI/i>TELE :)

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Andrew Keen: la visibilité dans les médias sociaux est un piège http://owni.fr/2010/11/29/andrew-keen-la-visibilite-dans-les-medias-sociaux-est-un-piege/ http://owni.fr/2010/11/29/andrew-keen-la-visibilite-dans-les-medias-sociaux-est-un-piege/#comments Mon, 29 Nov 2010 14:43:39 +0000 Vincent Truffy http://owni.fr/?p=37454

On ne rencontre pas tous les jours l’Antéchrist, fût-il modestement celui de la Silicon Valley. Aussi éprouve-t-on quelque déception à ne pas sentir l’haleine soufrée du startupeur défroqué lorsqu’on écoute Andrew Keen développer posément les arguments de son prochain livre, Digital Vertigo, dans l’appartement-témoin high-tech du siège de Microsoft France.

Mon premier livre était une grenade dégoupillée, prévient-il. J’ai essayé de m’aliéner autant de personnes que possible. Dans ce nouveau livre, j’ai essayé d’être plus nuancé. Mais je reste un polémiste.

Le premier livre en question, c’était Le Culte de l’amateur, subtilement sous-titré «comment Internet tue notre culture».

Il y accusait le Web participatif d’ensevelir la vérité sous des tombereaux de médiocrité et d’insignifiance et de menacer l’économie culturelle en postulant la gratuité universelle des contenus. Y dénonçait l’illusion du paradoxe (apocryphe) de Huxley (biologiste surnommé «le bouledogue de Darwin» et grand-père de l’écrivain) selon lequel un nombre infini de singes qui taperaient assez longtemps sur le clavier d’une machine à écrire finirait statistiquement par écrire l’œuvre complète de Shakespeare ou au moins une bonne émission de télévision. Voyait dans la population internaute un ramassis d’«adolescents hypersexués, voleurs d’identités, joueurs compulsifs et accros de tout acabit». Et assimilait le «grand mouvement utopiste» du Web 2.0 à la «société communiste» dans le magazine néocons The Weekly Standard, où l’on devine que ce n’est pas un compliment.

Défendre le secret, l’oubli et l’intimité”

Avec Digital Vertigo: Anxiety, Loneliness and Inequality in the Social Media Age (anxiété, solitude et inégalité au temps des médias sociaux), Keen creuse sa plaie en s’intéressant à Facebook, à Twitter, bien sûr, mais aussi de l’ensemble du Web qui, d’une façon ou d’une autre est devenu «social»: la recherche d’informations, la consommation (Groupon) et même, avec Facebook Messages, celui du courrier que vous devez lire.

On connait la blague d’Al Gore qui aurait inventé Internet. Mais dans un sens, Foucault et Baudrillard ont inventé la culture Internet avant qu’Internet n’existe avec la démocratisation de la culture.

De fait, dans Surveiller et punir, Michel Foucault reprend le modèle du panoptique de Bentham pour conclure «la pleine lumière et le regard d’un surveillant captent mieux que l’ombre, qui finalement protégeait. La visibilité est un piège.» «Visibility is a trap», répète à l’envi Andrew Keen. C’est encore plus vrai à l’ère du narcissime facilité par les outils sociaux, explique-t-il: «l’orthodoxie du Web parle d’ouverture, de transparence. Je veux défendre le secret, l’oubli et l’intimité.»

Rien de plus antisocial, à l’entendre, que le Web social: «On utilise les médias sociaux en poursuivant des objectifs totalement individualistes», dit-il, en reprenant une phrase du fondateur du «Facebook professionnel» LinkedIn, «votre avenir est déterminé par votre réseau»: on serait passé de la production industrielle à la production personnelle, stade ultime du darwinisme capitaliste dans lequel chacun doit vendre sa «marque» pour survivre.

De nouveaux patrons

Et comme dans Le Capital, il y aurait une accumulation primitive de la notoriété, quelques noms concentrant des millions de «followers» qui quémandent leur part de lumière.

Et les personnes qui s’enrichissent forment une nouvelle élite de l’économie de la connaissance, ceux qui créent les services qui permettent cette expression personnelle.

Dès lors, les nouveaux “patrons” sont «ceux qui contrôlent les moyens d’expression et non plus les moyens de production.»


Le problème, selon Keen, est qu’aux yeux de beaucoup (par exemple Clay Shirky), les médias sociaux sont devenu la solution à tous les problèmes:

Je suis plutôt de gauche politiquement mais je n’arrive pas à croire que les réseaux sociaux puissent lutter contre la pauvreté. Les réseaux sociaux n’apportent aucune solution aux problèmes fondamentaux, de la même façon que l’autopartage ne résoud pas les problèmes de pollution. Les seuls emplois qu’aient créé les médias sociaux sont des boulots de spécialiste des médias sociaux et de consultants.

Crédits photos cc FlickR : sean|mundy, ae-j, Stéfan.

Article initialement publié sur le Bac à sable.


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