OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Marine Le Pen récidive sur l’IVG http://owni.fr/2012/04/12/le-grand-oral-recidiviste-de-marine-le-pen/ http://owni.fr/2012/04/12/le-grand-oral-recidiviste-de-marine-le-pen/#comments Thu, 12 Apr 2012 16:14:56 +0000 Pierre Leibovici http://owni.fr/?p=105663 OWNI se mobilisent. Et vous livrent un résumé du grand oral des six principaux prétendants, à retrouver sur Le Véritomètre. Morceaux choisis du passage de Marine Le Pen.]]>

16 minutes et 34 secondes. C’était le temps alloué à chacun des candidats pour convaincre 3,4 millions de téléspectateurs. Pour sa dernière grande interview télévisée, Marine Le Pen s’est de nouveau avancée sur ses thématiques de prédilection, la politique migratoire et le retour au franc. Tout en s’aventurant sur le terrain de données inédites, à propos de la contraception en France. La candidate du Front national (FN) y est donc allée de ses petits conseils :

En 2012, il y a quand même 15 moyens de contraception en amont pour éviter cela [une grossesse] !

La page d’accueil du portail du ministère de la Santé ChoisirSaContraception.fr recense 14 moyens contraceptifs existant en France. Avec quelques nuances, notamment concernant les “moyens naturels”, comme la méthode des températures, jugées “très imprécises et peu fiables”.

Il reste qu’avec son chiffre de “15 moyens de contraception” accessibles en France en 2012, Marine Le Pen tient des propos s’éloignant de 7,1% de la réalité, et donc imprécis selon le barème du Véritomètre.

Récidive sur l’IVG

C’était l’une des polémiques lancées par Marine Le Pen dans cette campagne : les avortements de complaisance. L’expression, alors vivement décriée tant par les professionnels de la santé que le monde politique, désignait les Interruptions volontaires de grossesses (IVG) multiples au cours de la vie de certaines femmes. Une pratique que la candidate FN est allée jusqu’à assimiler à un moyen de contraception. Et qu’elle propose de punir par le déremboursement de l’IVG.

Pour appuyer ses propos, Marine Le Pen s’est appuyé sur un article de presse :

Monsieur Moutel disait deux sur dix [avortements de complaisance] (…) dans Le Figaro.

Dans un article paru sur le journal Le Figaro du 25 février 2009, Grégoire Moutel, médecin en endocrinologie et médecine légale, a effectivement évoqué le chiffre de “deux [femmes] sur dix” ayant subi “deux ou trois avortements” au cours de leur vie féconde. Avant de se rétracter, et de répondre, dans le journal Le Monde daté du 15 mars 2012, que les “IVG récurrentes [représentaient] environ 3%” du total des IVG effectuées chaque année.

L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) ne s’avance pas autant que le docteur Moutel. Dans son rapport intitulé La prise en charge de l’interruption volontaire de grossesse et publié en octobre 2009, le service d’inspection des politiques sociales précise (page 38) qu’aucune “donnée fiable et objective” n’existe à propos des “IVG récurrentes” en France. Et de renchérir, comme pour répondre à la candidate FN :

Cette situation où les partis-pris et les impressions subjectives, souvent forgées à partir de cas particuliers, tendent à l’emporter sur l’analyse objective des données de fait reflète, au-delà de l’imperfection des statistiques qui n’est pas propre à l’IVG, la spécificité d’un sujet qui reste ‘pas tout à fait comme les autres’ : peu de questions de santé publique mettent autant en jeu des points de vue personnels éthiques, religieux, philosophiques, moraux et politiques.

Un rapport complémentaire de la même Igas, publiée lui aussi en octobre 2009, délivre ainsi une seule donnée à ce sujet : les IVG récurrentes en Martinique. Elles auraient représenté 8,5% du total des IVG du département.

Impossible de dire, donc, si la situation outre-mer reflète celle en métropole. Il semble en tout cas bien exagéré de la part de Marine Le Pen de parler de 20% d’IVG récurrentes chaque année dans le pays.


Les vérifications des interventions sont réalisées par l’équipe du Véritomètre : Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, Pierre Leibovici, Grégoire Normand et Marie Coussin.
Retrouvez toutes nos vérifications sur le Véritomètre et nos articles et chroniques relatifs sur OWNI
Illustrations par l’équipe design d’Owni /-)

]]>
http://owni.fr/2012/04/12/le-grand-oral-recidiviste-de-marine-le-pen/feed/ 15
L’avortement aux Etats-Unis: un débat graphique http://owni.fr/2011/07/25/lavortement-aux-etats-unis-un-debat-graphique/ http://owni.fr/2011/07/25/lavortement-aux-etats-unis-un-debat-graphique/#comments Mon, 25 Jul 2011 16:12:06 +0000 Marie Telling http://owni.fr/?p=74557 Cliquez sur les ronds dans chaque image pour obtenir la traduction des slogans et sur les images pour obtenir la source.

Le Guttmacher Institute, institut de recherche spécialisé dans la santé reproductive, vient de lancer une vidéo d’information sur l’avortement au graphisme soigné. Le but : lutter contre les idées reçues.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Si la vidéo de l’institut a une valeur avant tout informative, le débat sur l’avortement donne souvent lieu à des campagnes moralisatrices, revendicatrices ou légèrement humoristiques qui jouent sur les ressorts habituels des débats sur l’avortement comme la religion ou la condition féminine.

Les campagnes “pro-life”

La plupart des campagnes “pro-life” sanctifient la figure du fœtus pour condamner ce qu’ils considèrent comme un meurtre.

Les campagnes “pro-choice”

Souvent centrées sur la condition féminine, les campagnes qui défendent l’avortement n’hésitent parfois pas à utiliser l’humour pour faire passer leur message.

La communauté afro-américaine, cible favorite des campagnes

Statistiquement, ce sont les femmes de la communauté afro-américaine qui ont le plus recours à l’IVG. Un phénomène facilement explicable en raison du difficile accès à un système de soin de qualité et aux moyens de contraceptions dans certains quartiers défavorisés. De nombreuses campagnes “pro-life” s’emparent pourtant de la question raciale, n’hésitant pas à établir des rapprochements douteux avec l’esclavage.

Le site TooManyAborted.com s’est donné pour mission de dénoncer l’avortement dans la communauté afro-américaine. D’abord à coups de vidéos au graphisme étudié :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Et dans des campagnes d’affichages à grand bruit :

Face à ces campagnes, les mouvements “pro-choice” tentent eux aussi de cibler la communauté afro-américaine dans leurs campagnes.

Autre cible des campagnes anti-avortement : Barack Obama. Rick Santorum, candidat aux primaires républicaines de 2012, a déjà commenté les positions “pro-choice” du président américain :

Je trouve ça presque incroyable pour un homme noir de dire “nous allons décider qui sont des humains et qui n’en sont pas.”

Les groupes “pro-life” jouent aussi sur les origines du président et sur son enfance pour défendre leurs positions, sous-entendant que sa mère célibataire aurait pu choisir d’avorter. CNN et NBC avait refusé de diffuser ce spot d’un mouvement catholique anti-avortement :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Une campagne d’affichage de ThatsAbortion.com utilise de la même manière la figure de Barack Obama.

Campagnes “choc”

Mais pour les “pro-life” comme pour les “pro-choice”, rien ne vaut l’efficacité des campagnes frappantes.

Du côté “pro-life”, l’image se suffit à elle-même :

Chez les “pro-choice” on insiste surtout sur les conditions d’avortement lorsque l’accès à l’IVG est compromis.

Et la plus percutante pour finir :

Retrouvez notre dossier sur l’avortement :

Poussée républicaine contre l’avortement
L’avortement et son dégradé de lois dans l’Europe chrétienne

]]>
http://owni.fr/2011/07/25/lavortement-aux-etats-unis-un-debat-graphique/feed/ 7
L’avortement et son dégradé de lois dans l’Europe chrétienne http://owni.fr/2011/07/25/lavortement-et-son-degrade-de-lois-dans-leurope-chretienne/ http://owni.fr/2011/07/25/lavortement-et-son-degrade-de-lois-dans-leurope-chretienne/#comments Mon, 25 Jul 2011 13:10:10 +0000 Stéphanie Lakh http://owni.fr/?p=74449 Mise à Jour : des informations ont été ajoutées sur la législation française en matière d’avortement.

De plus en plus, en France et en Europe, on évoque les « racines chrétiennes » de notre vieux continent. Racines chrétiennes qui sont souvent montrées comme ayant enrichi culturellement nos pays, mettant de côté les aspects plus contraignants de la religion : les difficultés liées au droit à l’IVG en sont des témoins plus qu’éloquents.
En effet, on remarque des inégalités flagrantes en ce qui concerne l’accession à l’IVG, souvent reliées au poids de la religion.


Afficher Législation de l’interruption volontaire de grossesse en Europe sur une carte plus grande

Entre délais permissifs et prohibition totale

Il n’existe aucune harmonie européenne, malgré de vaines volontés de la part de Bruxelles, en ce qui concerne le délai autorisant l’interruption volontaire de grossesse. La plupart des lois en la matière ont fleuri pendant les années 1970 en Europe de l’Ouest.

L’Est de l’Europe, la Roumanie exceptée, était soumise au régime de l’URSS : avortement légal jusqu’à 12 semaines d’aménorrhée (absence de menstruations). Aujourd’hui, la plupart des pays européens autorisent l’avortement d’après la seule volonté de la femme, entre 10 et 24 semaines depuis les dernières menstruations.

Certains pays résistent, d’une certaine manière, à ce qui est considéré aujourd’hui comme un progrès certain pour les droits des femmes, au premier rang desquels on trouve la Pologne, l’Irlande et Malte. Dans ces trois pays, l’imprégnation de l’Église catholique est certaine et pourrait expliquer cette interdiction : la loi polonaise mettant en place cette prohibition date de 1989, chute du régime soviétique.

Malte fait partie de ces pays qui ont encore une religion d’État, le catholicisme romain. Enfin, l’Irlande est un pays très catholique, qui a même fait inscrire dans sa Constitution en 1983 un article pour la protection de la vie de l’embryon, sauf en cas de danger de mort pour la mère. Par ailleurs, Chypre n’autorise l’avortement qu’en cas de viol ou de danger certain pour la mère ou l’embryon.

En 2005, lors de leur adhésion à l’Union européenne, la Pologne et Malte avaient même tenté de faire inscrire dans le traité d’accession signé avec les Quinze une déclaration rendant immuable l’interdiction, chez eux, de l’avortement. Les autres pays ont refusé.

Un accès semé d’embûches

Malgré toutes ces lois facilitant l’accès à l’avortement, il reste difficile, dans les faits, d’accéder à l’avortement. L’éducation à la sexualité est souvent insuffisante et l’accompagnement psychologique avant et après un avortement (qui n’est pas un acte anodin) n’est pas monnaie courante.

En octobre 2010, le Conseil de l’Europe a voulu réglementer le droit à l’objection de conscience, provoquant une levée de boucliers de la part des associations pour la vie et chrétiennes, notamment. Finalement, le projet a été abandonné. Il n’en reste pas moins qu’à l’heure actuelle de moins en moins de soignants sont attirés par les services d’IVG, ce qui remet clairement en cause, de manière concrète, la possibilité de recourir à une IVG dans les délais légaux. En effet, si aucun médecin ne peut pratiquer l’opération ou prescrire la pilule abortive (jusqu’à 7 semaines d’aménorrhée), avorter peut devenir un parcours de la combattante.

Profiter de l’espace Schengen

Lorsque le délai est dépassé dans son pays, une femme peut profiter des frontières ouvertes et aller avorter à l’étranger. Ainsi, environ 20.000 Irlandaises viennent chaque année au Royaume-Uni pour bénéficier d’un avortement.

En France, c’est souvent en Espagne que vont les femmes en détresse qui ont dépassé les 12 semaines autorisées depuis l’amendement à la loi Veil de 2001. L’Espagne a, depuis 2010, une loi autorisant l’avortement sans aucun délai. Cependant, il faut quand même un voire plusieurs avis médicaux pour avorter quand la grossesse est avancée.

L’Union européenne n’a aucune compétence pour légiférer sur une harmonisation autour des lois sur l’avortement. Pourtant, dans une résolution du 3 juillet 2002, le Parlement européen recommande la légalisation aux États membres. Les « racines chrétiennes » de l’Union européenne ne semblent pas pouvoir empêcher le recul des législations favorables à l’interruption volontaire de grossesse.

France : entre modernisation et manque d’information

En ce qui concerne la France, l’avortement est autorisé depuis l’amendement porté par Martine Aubry en 2001 jusqu’à 14 semaines d’aménorrhée, soit 12 semaines de grossesse. En 2006, le site de l’Institut national d’Études démographiques (INED) recense 215 390 avortements dans l’année, d’après les statistiques hospitalières (à l’exclusion de l’interruption médicale de grossesse [IMG]).

Jusqu’alors, l’avortement était simplement “dépénalisé” grâce à la loi Veil de 1975. Par ailleurs, jusqu’en 2001, la femme était tenue de rencontrer un professionnel (psychologue, psychiatre, assistant-e social-e) avant l’IVG pour discuter de son choix et le confirmer ou non. La loi Aubry casse cette obligation : en fonction des centres IVG il est donc désormais possible qu’aucune aide ni suivi ne soit proposé.

Il existe deux techniques d’avortement : par voie médicamenteuse ou par aspiration. La première est possible jusqu’à 5 semaines de grossesse, soit 7 semaines d’aménorrhée. Depuis 2004, un médecin généraliste de ville peut procéder à cette IVG et prescrire la pilule dite “abortive” (il y a en fait deux comprimés) à son cabinet.

Entre 5 et 12 semaines de grossesse, il est question d’une intervention pratiquée en hôpital ou centre IVG, l’aspiration. La femme, bien que devant motiver sa “situation de détresse”, est considérée responsable et fait le choix, avant la fin de la 5e semaine de grossesse, de la technique pour son IVG.

La France tend donc à se moderniser par rapport à l’IVG mais il demeure un point difficile à défendre: les chiffres en matière d’IVG sont quasiment hors de portée, permettant au flou autour de ce sujet de fournir une base aux prétendus savoirs de bien des détracteurs de l’avortement, les fameux “pro-vie,” dont voici une vidéo :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Publié initialement sur Le Taurillon sous le titre L’avortement en Europe

Retrouvez notre dossier sur l’avortement :
Poussée républicaine contre l’avortement
L’avortement aux Etats-Unis: un débat graphique

Illustration Flickr CC PaternitéPartage selon les Conditions Initiales tangi_bertin et PaternitéPas d'utilisation commerciale Niccolò Caranti

]]>
http://owni.fr/2011/07/25/lavortement-et-son-degrade-de-lois-dans-leurope-chretienne/feed/ 9
Poussée républicaine contre l’avortement http://owni.fr/2011/07/25/poussee-republicaine-contre-lavortement/ http://owni.fr/2011/07/25/poussee-republicaine-contre-lavortement/#comments Mon, 25 Jul 2011 10:06:05 +0000 Marie Telling http://owni.fr/?p=74491 Sauf mention contraire, tous les liens de cet article sont en anglais.

C’est un record : au cours du seul premier semestre 2011, 80 nouvelles lois ont été votées par les législatures des États américains pour durcir les conditions d’accès à l’avortement. Le dernier pic remontait à 2005 avec 34 mesures de restriction adoptées. C’est ce que révèle le Guttmacher Institute, institut de recherche américain spécialisé dans la santé reproductive [fr], qui vient de publier son rapport bi-annuel sur l’IVG aux États-Unis.

Depuis 1973 et la légalisation de l’avortement par la décision « Roe v. Wade » [fr] de la Cour Suprême américaine, la droite conservatrice s’est rassemblée dans des mouvements « pro-life » qui ont peu à peu gagné une influence considérable dans la machine républicaine.

En 1992, « Planned Parenthood v. Casey », nouveau jugement de la Cour Suprême, offre aux États une plus grande marge de manœuvre dans la législation sur l’avortement. Ils peuvent adopter des mesures restrictives tant que les contraintes pour les femmes ne sont pas jugées excessives. Cette décision va marquer le début d’une augmentation permanente des mesures anti-avortement.

En tête des États les plus restrictifs, ceux de la Bible Belt [fr] et du Midwest, le Kansas devançant tous les autres. Ceux-là ne manquent pas de ressources pour semer d’embûches le parcours des femmes voulant se faire avorter : délais d’attente, séances de conseils dirigées par des « pro-life », restrictions budgétaires sur les planning familiaux ou encore non-remboursements des frais médicaux.

Une minorité d’États beaucoup plus libéraux respectent encore les fondements de « Roe v. Wade », New York et la Californie en tête.

Si les politiques restrictives sont monnaie courante après 1992, on assiste depuis les « Midterms » de novembre 2010 à une intensification des attaques contre l’avortement. La victoire des Républicains dans une majorité d’États et la popularité du mouvement conservateur du Tea Party [fr] contribuent à cette tendance. C’est ce que décrit Elizabeth Nash, experte juridique au Guttmacher Institute :

L’augmentation des mesures anti-avortement est directement liée aux élections de novembre 2010 qui ont vu l’arrivée de législatures très conservatrices dans plusieurs États.
Il y a aussi eu un bouleversement au niveau des gouverneurs. Certains d’entre eux ont été élus sur des programmes anti-avortement.

Pour Sam Brownback, gouverneur républicain du Kansas, État devenu le plus répressif depuis son élection :

L’avortement est la question morale la plus importante de notre temps, tout comme l’esclavage l’était il y a 150 ans.

On observe ainsi un lien entre l’arrivée de conservateurs à la tête de certains États et l’apparition de nouvelles mesures répressives. C’est le cas du Kansas mais aussi de l’Ohio, de la Floride, du Wisconsin et de l’Oklahoma, dont la gouverneure Mary Fallin « a toujours été pro-life ».

Tout est fait pour décourager les femmes voulant se faire avorter. Parmi les mesures privilégiées par les élus « pro-life », celles qui prévoient des délais d’attente sont les plus courantes. Elles imposent la plupart du temps aux femmes d’attendre 24 heures ou plus entre leur première visite à la clinique et l’IVG.

Ces délais sont souvent accompagnés de visites chez un conseiller qui rappelle les risques de l’opération, parfois de manière mensongère. C’est le cas dans le Dakota du Sud et au Texas où des brochures citent le cancer du sein comme conséquence possible de la procédure.

Lors du premier semestre 2011, cinq États ont adopté des mesures concernant les délais d’attente. Le Dakota du Sud a tenté d’aller plus loin en imposant un délai de 72 heures dans une loi qui a été suspendue par la justice fédérale.

Ces quelques heures de délai peuvent paraître anodines mais elles sont un obstacle de plus sur le chemin des femmes qui souhaitent se faire avorter. Elizabeth Nash du Guttmacher Institute explique:

Les délais d’attente forcent les femmes à faire plusieurs trajets vers des cliniques qui sont parfois éloignées de chez elles. Dans certains endroits, le médecin n’est présent qu’une fois par semaine, voire tous les quinze jours, pour pratiquer des avortements.

Le délai d’attente dépasse alors largement les 24 heures puisque la patiente doit attendre une semaine de plus ce qui peut augmenter considérablement les coûts de l’opération. Les femmes les plus pauvres sont les premières victimes.

Le prix d’un avortement augmente ainsi en fonction de la gestation, allant de 425 dollars pendant les dix premières semaines à plus de 1500 dollars plus tard dans la grossesse. Le remboursement de la procédure dépend de son assurance et de l’État où l’on vit.

Certains États limitent ainsi les remboursements aux cas de viols, d’incestes ou lorsque la vie de la patiente est menacée. D’autres comme le Kentucky ou le Kansas ne l’autorisent que dans ce dernier cas. Les femmes les moins favorisées font les premières les frais de ces politiques.

Derniers remparts face aux législatures des États, les cours de justice fédérales jouent un rôle primordial dans la lutte contre les restrictions. Depuis le début de l’année, elles ont bloqué plusieurs lois votées par le Dakota du Sud, le Kansas ou l’Indiana. Mais les juges fédéraux ne peuvent rien contre les coupes budgétaires imposées aux planning familiaux et seule une minorité de lois ne verront pas le jour grâce à leur intervention.

Que la loi passe ou pas, l’élu qui l’a défendue sortira grandi auprès d’un électorat « pro-life » généreux dans le financement des campagnes électorales. Certains politiques proposeraient même des lois qu’ils savent condamnées d’avance pour séduire la frange conservatrice du Parti républicain.

La question de l’avortement s’invite aussi dans les élections et les débats nationaux. Les élections de 2012 devraient avoir leur compte de débats sur l’avortement. Beaucoup moins centrale que l’économie, la question de l’IVG reste tout de même très importante chez les Républicains. Être « pro-life » ne vous offrira pas la victoire, mais soutenir l’avortement peut être synonyme de défaite. En 2008, alors que Rudy Giuliani était considéré comme favori, ses positions « pro-choice » lui ont fait perdre le caucus de l’Iowa.

Pour Elizabeth Nash :

Les primaires ont tendance à attiser les extrêmes des deux parties, donc l’avortement sera sûrement une question importante pour la frange la plus conservatrice des Républicains. Le Tea Party est d’ailleurs très actif sur la question.

La liste Susan B. Anthony, groupe « pro-life », demande ainsi aux candidats aux primaires républicaines de s’engager à ne nommer que des juges ou des politiques pro-life aux postes clés du gouvernement fédéral. Le « Pro-Life Leadership Presidential Pledge » a déjà été signé par six candidats républicains.

Le durcissement des lois sur l’avortement devrait donc rester un argument électoral majeur pour les Républicains. Dans tous les cas, 2012 sera riche en joyeuses campagnes de comm’ :

Toutes les données utilisées pour les cartes sont issues de rapports du Guttmacher Institute.

Retrouvez notre dossier sur l’avortement :
L’avortement aux Etats-Unis: un débat graphique
L’avortement et son dégradé de lois dans l’Europe chrétienne

Image CC Flickr Amphis d’@illeurs

]]>
http://owni.fr/2011/07/25/poussee-republicaine-contre-lavortement/feed/ 85